20 juin – Hors de la lumière

 

 

Le froid m’a frappé, la chair de poule a hérissé la peau de mes bras.

Quand j’ai rouvert les yeux, la luminosité éclatante et le brouillard s’étaient dissipés. Je n’ai distingué qu’un clair de lune brouillé qui se déversait dans la béance d’une grotte déchiquetée, au loin. La pleine lune était brillante et lumineuse.

Je me suis demandé s’il s’agissait de la Dix-septième.

Refermant les paupières, j’ai tenté de revivre l’intensité du moment qui avait précédé, lorsque j’avais été suspendu entre deux univers.

C’était là, derrière tout le reste. La sensation. L’électricité de l’air, comme si ce côté du monde était agité d’une vie que je ne voyais pas, mais que je devinais autour de moi.

— Allez, tu peux regarder, maintenant, Super Mâle !

Ridley a surgi dans mon dos, tirant derrière elle Link, qui serrait fort les paupières. Liv a suivi, hors d’haleine.

— C’était super !

Elle m’a rejoint. Les cheveux dorés de ses nattes étaient à peine décoiffés. Elle a contemplé les vagues qui s’abattaient sur les rochers, devant nous, les yeux étincelants.

— Crois-tu que nous…

— Oui, l’ai-je coupée, nous sommes à la Grande Barrière.

Ce qui signifiait que Lena était quelque part dans les parages. Sarafine aussi.

Et Dieu savait qui encore.

 

Lucille était perchée sur une pierre et se léchait la patte, mine de rien. J’ai aperçu quelque chose à côté d’elle, coincé dans une fente.

Le collier de Lena.

— Elle est ici.

Je me suis baissé pour le ramasser, ma main tremblant de manière incontrôlable. Je ne l’avais jamais vue sans, pas une fois. Le bouton d’argent brillait dans le sable, l’étoile en fil de fer était prise dans le nœud retenant le bout de fil rouge. Ce n’était pas seulement ses souvenirs. C’étaient les nôtres, tout ce que nous avions partagé depuis notre rencontre. Les preuves des instants de bonheur qu’elle avait connus au cours de sa vie. Rejetées sur la grève, à l’instar des débris de coquillages égarés et des algues emmêlées échouées sur la plage.

Si c’était un présage, il n’était pas bon.

— Tu as trouvé quelque chose, Courte Paille ?

De mauvaise grâce, j’ai ouvert ma paume afin de leur montrer. Ridley a étouffé un cri. Liv n’a pas identifié l’objet.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Le collier de Lena, a marmonné Link en regardant le sol.

— Elle l’aura perdu, a commenté Liv en toute innocence.

— Non ! a crié Ridley. Lena ne l’enlevait jamais. Jamais ! Elle n’aurait pas pu le perdre. Elle s’en serait rendu compte à l’instant, s’il s’était brisé.

Liv a haussé les épaules.

— Elle s’en est peut-être aperçue. Simplement, elle s’en fichait.

Ridley s’est ruée sur elle, et Link a dû la retenir par la taille.

— Je t’interdis de dire ça ! Tu ne sais rien de rien ! Explique-lui, Courte Paille !

Mais même moi, je ne savais plus rien.

 

Nous avons longé la rive, nous rapprochant d’une ligne découpée de cavernes côtières. De l’eau stagnait sur leur sol sableux, et des falaises de pierre déchiquetées noyaient tout de leur ombre. Le sentier sinuant entre les rochers a semblé nous conduire vers une grotte en particulier. Le fracas du ressac alentour était assourdissant, et l’océan avait l’air de pouvoir nous emporter au large à tout instant.

Une véritable puissance émanait de cet endroit. La roche bourdonnait sous mes pieds, et même la lumière de la lune paraissait vibrer sous son effet.

Sautant de pierre en pierre, j’ai réussi à grimper assez haut pour voir au-delà de la saillie que formaient les falaises. Les autres m’ont suivi en essayant de ne pas se laisser distancer.

— Là-bas ! ai-je dit en montrant une vaste caverne, plus loin que celles qui nous entouraient.

La lune tombait droit dessus, illuminant une énorme fissure dans son plafond.

Et autre chose.

Sous la lumière chiche, j’ai à peine réussi à distinguer les silhouettes qui se déplaçaient dans l’ombre. La Meute Sanglante de Hunting. Impossible de se tromper.

Personne n’a pipé mot, tandis que nous nous réfugiions dans l’abri d’une petite grotte. Ceci n’était plus un énième mystère à résoudre, c’était en train de devenir une triste réalité. L’antre abritait certainement des Enchanteurs des Ténèbres, des Incubes Sanguinaires et une Cataclyste.

Or nous ne disposions comme armes que de nous-mêmes et de l’Orbe Lumineux. Link a mal réagi.

— Soyons clairs, a-t-il déclaré, nous sommes cuits tous les quatre. Plus le chat, a-t-il ajouté en baissant les yeux sur Lucille qui se léchait les pattes.

Il n’avait pas tort. D’après ce que nous pouvions voir, il n’y avait qu’un accès à la grotte. Elle était soigneusement gardée, et ce qui se trouvait à l’intérieur avait toutes les chances de représenter une menace encore plus formidable.

— Il a raison, Ethan, a renchéri Ridley. Mon oncle est sûrement là-dedans avec ses gars. Sans mes dons, nous ne survivrons pas à la Meute Sanglante. Nous sommes des bons à rien de Mortels. Le seul truc que nous avions pour nous était cette idiote de boule luisante.

Elle a donné un coup de pied dans le sable mouillé, plus pessimiste que d’habitude.

— Pas bons à rien, Rid, a soupiré Link. Juste Mortels. Tu t’y feras.

— Plutôt crever.

— Nous ne pouvons peut-être pas aller plus loin, a dit Liv en contemplant la mer. Même si nous réussissions à franchir l’obstacle de la Meute Sanglante, nous attaquer à Sarafine serait…

Elle n’a pas terminé sa phrase. Inutile, nous avions tous deviné la suite : une pulsion mortifère, de la folie, du suicide.

J’ai scruté le vent, l’obscurité, la nuit.

Où es-tu, L ?

Le clair de lune envahissait la caverne. Lena était quelque part là-bas à m’attendre. Elle ne m’a pas répondu, ce qui ne m’a pas empêché de continuer à essayer de communiquer avec elle.

J’arrive.

— Je suis d’accord avec Liv, a décrété Link. Nous devrions rebrousser chemin. Aller chercher de l’aide.

J’ai remarqué qu’il respirait avec difficulté. Il avait beau avoir tenté de le cacher, il avait mal. Il fallait que j’avoue à mes amis, aux gens qui m’aimaient, ce que je comptais faire.

— Nous ne reculerons pas, ai-je lâché. Enfin, pas moi.

La Dix-septième Lune n’attendrait pas, et Lena était à court de temps. L’Orbe m’avait amené ici pour une bonne raison. J’ai repensé à ce que Marian m’avait dit sur la tombe de ma mère lorsqu’elle me l’avait offert. « La Lumière contient une part de Ténèbres, et vice versa. » Une phrase que ma mère avait eu l’habitude de répéter. J’ai tiré l’objet de ma poche. Il avait viré à un vert étincelant et incroyablement lumineux. Il se passait quelque chose. À force de le tourner et de le retourner entre mes doigts, je me suis tout rappelé. Tout était là, tout me regardait depuis la rondeur en pierre lisse.

Des dessins de Ravenwood et l’arbre généalogique de Macon étalés sur le bureau de ma mère, aux archives.

J’ai observé la sphère, y lisant certaines choses pour la première fois. Peu à peu, des images sont remontées à la surface de mon esprit et sur celle de la sphère.

Marian me tendant le trésor le plus cher de ma mère, debout entre les tombes des deux personnes qui avaient fini par réussir à se rejoindre.

Ridley disait peut-être vrai. Tout ce que nous avions eu pour nous avait été cette idiote de boule luisante.

Une bague avec laquelle on joue autour d’un doigt.

Les Mortels n’étaient pas de taille à affronter les pouvoirs des Ténèbres.

Une photo de ma mère dans l’ombre.

La réponse était-elle dans ma poche depuis le début ?

Une paire de prunelles noires qui réfléchissaient les miennes.

Nous n’étions pas seuls. Nous ne l’avions jamais été. Les visions m’avaient tout montré dès le départ. À la seconde où j’y songeais, les images se sont évanouies aussi vite qu’elles étaient apparues, remplacées par des mots. « L’Orbe Lumineux est doté de pouvoir, et le pouvoir recèle la Nuit. »

— L’Orbe ! Il n’est pas ce que nous croyons.

Mes paroles ont rebondi sur les rochers nous environnant.

— Quoi ? s’est écriée Liv, surprise.

— Ce n’est pas une boussole. Pas du tout, même.

J’ai brandi la sphère afin que tous la voient. Sous nos yeux, elle a brillé, de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’elle apparaisse cernée d’un cercle de lumière parfait, telle une éclipse. Telle une minuscule étoile. L’aura nous empêchait d’en distinguer la surface.

— Que fait-il ? a demandé Liv, le souffle court.

L’Orbe, que j’avais accepté des mains de Marian en toute innocence, n’était pas un objet de pouvoir. Pas pour moi.

Il était destiné à Macon.

Je l’ai levé encore plus haut. Sous le clair de lune iridescent de la grotte peu profonde, l’eau sombre à mes pieds a scintillé. Les plus petits éclats de quartz de la roche ont reflété la lumière. Dans l’obscurité, la boule a semblé s’enflammer. Le halo dégagé par sa surface perlée révélait les tourbillons bigarrés d’un intérieur caché. Dans un maelström, le violet a viré à des verts plus soutenus avant d’exploser en jaune vif qui ont tourné à des orange et des rouges. C’est là que j’ai compris.

Je n’étais ni un Gardien, ni un Enchanteur, ni un Voyant.

Je n’étais ni comme Marian ni comme ma mère. Ce n’était pas à moi de conserver le savoir et l’histoire, ni de protéger les livres et les secrets qui comptaient tant pour les Enchanteurs. Je n’étais pas comme Liv, qui enregistrait ce qui ne l’avait pas été, qui mesurait ce qui n’était pas mesurable. Je n’étais pas Amma. Il ne m’incombait pas de voir ce que personne d’autre ne voyait, ni de communiquer avec les Grands. Par-dessus tout, je ne ressemblais en rien à Lena. Je n’étais pas capable d’éclipser la lune, de faire tomber les cieux ou trembler la terre. Je ne persuaderais jamais quiconque de sauter d’un pont, contrairement à Ridley. Et je n’avais aucun trait commun avec Macon.

Inconsciemment, j’avais cherché à deviner quelle était ma place dans l’histoire, mon histoire avec Lena. En espérant que j’y en avais au moins une. Mais mon histoire s’était frayé un chemin jusqu’à moi à travers tous ces personnages. À présent, à la fin de ce qui avait des allures d’éternité dans l’obscurité et la confusion des Tunnels, je savais que faire. Je connaissais mon rôle.

Marian avait eu raison. J’étais le Pilote. Mon travail était de trouver ce qui s’était perdu.

Celui qui s’était perdu.

J’ai fait rouler l’Orbe Lumineux au bout de mes doigts avant de le lâcher. Il a flotté dans l’air.

— Bon Dieu de…

Link s’est approché d’un pas mal assuré. J’ai tiré la page jaunie de ma poche arrière et l’ai dépliée. Celle que j’avais arrachée au journal de ma mère et avais transportée jusqu’ici sans raison apparente. Du moins, c’est ce que j’avais cru.

L’Orbe projetait une aura argentée dans la grotte. J’ai avancé d’un pas vers lui et j’ai soulevé la feuille de façon à prononcer le sortilège inscrit par ma mère dans son calepin. Bien qu’il soit rédigé en latin, je me suis appliqué à l’entonner avec soin.

 

In Luce Caecae Caligines sunt,

Et in Caliginibus, Lux.

In Arcu imperium est,

Et in imperio, Nox.

 

— Mais oui ! a soufflé Liv en me rejoignant. Le sortilège Ob Lucem Libertas. La liberté dans la lumière. Termine, a-t-elle ajouté en me regardant.

J’ai retourné la feuille. Il n’y avait rien derrière.

— C’est tout ce que j’ai.

Liv a écarquillé les yeux.

— Tu ne peux pas t’arrêter maintenant. C’est affreusement dangereux. Le pouvoir de l’Orbe, surtout celui d’un Ravenwood, pourrait nous tuer. Il pourrait tuer…

— Alors, fais-le, toi.

— Non, Ethan. Je n’ai pas le droit. Tu le sais.

— Liv… Lena va mourir. Toi, moi, Link, Ridley, nous allons tous mourir. Nous sommes allés aussi loin que des Mortels le pouvaient. Nous sommes dans l’incapacité de poursuivre seuls.

J’ai posé la main sur son épaule.

— Ethan, a-t-elle chuchoté.

Mon prénom, juste mon prénom, mais j’ai entendu les mots qu’elle ne disait pas presque aussi clairement que si Lena s’était adressée à moi au moyen du Kelting. Liv et moi avions notre propre lien spécial. Il n’était pas magique. Il était très humain, très réel. Liv n’appréciait peut-être pas ce qui s’était passé entre nous, mais elle le comprenait. Elle me comprenait, et une part de moi croyait qu’elle me comprendrait toujours. J’aurais aimé que les choses soient différentes, que Liv puisse obtenir tout ce qu’elle désirait à la fin de nos aventures. Les choses qui n’avaient rien à voir avec des étoiles égarées et des cieux d’Enchanteurs. Malheureusement, elle n’était pas là où ma route me menait. Elle était un élément de la route.

Elle a contemplé l’Orbe Lumineux qui continuait de briller devant nous. Sa silhouette était cernée par un tel éclat qu’elle m’a donné l’impression de se tenir devant le soleil. Elle a tendu la main vers la sphère, et je me suis souvenu de mon rêve, celui où Lena émergeait de l’obscurité.

Deux filles aussi différentes que le Soleil et la Lune. Sans l’une, je n’aurais jamais pu tracer mon chemin jusqu’à l’autre.

« La Lumière contient une part de Ténèbres, et vice versa. »

Liv a effleuré l’Orbe d’un doigt avant d’entonner l’incantation.

 

In Illo qui Vinctus est,

Libertas Patefacietur.

Spirate denuo, Caligines.

E Luce exi.

 

Elle pleurait, les yeux rivés sur la boule de lumière, cependant que les larmes coulaient sur ses joues. Elle proclamait les mots avec force, comme s’ils avaient été gravés en elle et qu’elle soit obligée de se les arracher, mais elle ne s’est pas interrompue.

 

 

En Celui qui est lié,

La Liberté sera trouvée.

Ténèbres, revivez,

De la Lumière sortez.

 

Sa voix a faibli, elle a fermé les paupières et lentement prononcé les paroles ultimes à l’adresse de la nuit qui nous séparait.

— Sortez. Sortez…

Elle n’a pas pu terminer. Elle m’a tendu la main, je m’en suis emparé. Link a boitillé jusqu’à nous, escorté par Ridley. Liv tremblait de la tête aux pieds. Chaque mot l’avait éloignée de son devoir sacré et de ses rêves. Elle avait choisi un camp. Elle s’était projetée dans l’histoire qu’elle était censée seulement conserver. Lorsque tout cela serait fini, si nous survivions, Liv ne serait plus apprentie Gardienne. Son sacrifice était un cadeau, celui de l’unique élément ayant donné jusque-là un sens à son existence.

Je n’osais imaginer ce qu’elle ressentait.

Nos quatre voix se sont unies. Il était impossible de reculer, désormais.

— E Luce exi ! De la Lumière sortez !

 

L’explosion a été si violente que le rocher sur lequel je me tenais a percuté la paroi derrière moi. Nous avons été jetés à terre. J’ai senti du sable mouillé et de l’eau salée dans ma bouche. Je n’ai pas eu de doutes, cependant. Ma mère avait essayé de m’avertir, je n’avais pas été capable de l’entendre.

Nous est apparue alors, au milieu de la caverne, encadrée par la pierre, la mousse, la mer et le sable, une créature constituée de rien d’autre que d’une brume d’ombre et de lumière. D’abord, j’ai réussi à distinguer les rochers derrière elle, comme si elle était immatérielle. L’eau la traversait, elle ne touchait pas le sol.

Puis le halo lumineux s’est étiré pour créer une forme qui est devenue silhouette qui est devenue homme. Ses mains sont devenues mains, son corps est devenu corps, son visage est devenu visage.

Celui de Macon.

J’ai entendu les paroles de ma mère. « Il sera toujours auprès de toi. »

Macon a soulevé les paupières et m’a regardé. « Toi seul es en mesure de le racheter. »

Il portait les vêtements brûlés de la nuit où il était mort. Quelque chose avait changé, cependant.

Ses yeux étaient verts.

Vert Enchanteur.

— Quel plaisir de vous revoir, monsieur Wate.

17 Lunes
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